sexta-feira, 11 de dezembro de 2015

LUIS COIXÃO - Douce France


DOUCE FRANCE
Dans les années 60, le Portugal s'est vidé de son sang. Un million de personnes sont parties contraintes et forcées. Les guerres coloniales, la misère sociale et le manque de liberté ont fini par les pousser dehors. C'est terrible de quitter sa terre. Son goût n'est plus le même après. On emporte un peu de ses racines en partant mais les fleurs qui poussent ailleurs finissent par se transformer en poussière.
Papa, tu es venu en France toi aussi il y a cinquante ans déjà. Comme des centaines de milliers d'autres Portugais. Je sais combien cela a été dur pour toi de quitter ton village natal, ta famille et tes amis. A peine installé dans le bidonville de Saint-Denis, tu nous a fait venir à nous aussi. La distance était trop grande. La saudade te bouffait les tripes. Et puis le temps a passé gentiment, nous sommes devenus des citoyens de France. Cette belle et douce France, qui nous a accueilli les bras ouverts et dont nous sommes tombés follement amoureux. A tel point qu'il n'est plus question de retourner au Portugal. Le Portugal est devenu la France et la France est devenue le Portugal. C'est une deuxième patrie, pour nous immigrés portugais. C'est la patrie de nos enfants. France, on t'aime à en mourir. Papa, tu es mort ici, dans ta nouvelle terre, le pays des droits de l'homme et de la liberté, tu es mort à nos côtés, près de nous, car c'est près de nous que tu te sentais le mieux. Ta plus grande richesse, c'était nous, ta femme et tes enfants. Ta plus grande joie c'était de nous avoir à tes côtés. C'est cet amour inconditionnel que tu as donné qu'on restitue à nos propres enfants et à nos proches à chaque instant. C'est ce modèle de vie que tu nous as transmis qu'on essaye d'appliquer chaque jour qui passe et qui nous sépare de toi.
La France est meurtrie. Ses enfants se déchirent. La peur de l'autre en rend aveugles certains. En réalité, c'est d'eux-mêmes qu'ils ont peur. Ils refusent leurs différences, leur mixité. La France tire sa pureté du mélange de ses enfants. Sa plus grande richesse, c'est sa diversité. La fraternité doit l'emporter sur la haine.                                                                   

L.C. 11/12/15

Sem comentários:

Enviar um comentário